En France, encore trop de morts au travail

Rédigé le 25/11/2025
UNSA

La branche Accidents du travail – Maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale a publié son rapport annuel. Le constat est glaçant. 1 297 travailleurs et travailleuses ont perdu la vie en raison de leur travail soit 3 personnes par jour. Les indicateurs se dégradent pour les femmes, les jeunes et les nouveaux embauchés. Pour l'UNSA, ces chiffres révèlent une crise profonde à laquelle gouvernement et employeurs doivent répondre d'urgence.

Le rapport AT-MP dresse un tableau sombre pour 2024. 764 personnes sont mortes à la suite d'un accident du travail, un chiffre en progression continue. Ce bilan ne couvre pourtant qu'une partie du monde du travail : les fonctionnaires, une partie des travailleurs indépendants et les travailleurs agricoles n'y figurent pas. En ajoutant les décès liés aux maladies professionnelles, la France totalise 1 297 morts en lien avec le travail.

Un phénomène est particulièrement inquiétant : plus d'un décès sur cinq survient dans l'année qui suit la prise de poste. Un constat aggravé pour les jeunes travailleurs car chez les moins de 25 ans, plus de la moitié des décès se produisent au cours de cette première année. Pour l'UNSA, cette situation révèle un défaut d'accompagnement et de formation des nouvelles recrues, dans un contexte où la pression temporelle et la précarité fragilisent les conditions d'entrée dans l'emploi.

Autre alerte : la hausse de 26 % des accidents du travail impliquant des femmes, depuis 2001. Cette évolution confirme que les risques professionnels ne touchent pas les femmes et les hommes de manière uniforme. Pour l'UNSA, ces données illustrent une nouvelle fois la nécessité d'une lecture genrée dans les documents uniques d'évaluation des risques (DUERP) et d'actions de prévention adaptées.

Les maladies professionnelles progressent de 6,7%, notamment les troubles musculosquelettiques (+6,6 %), les pathologies liées à l'amiante (+8,5 %) et les affections psychiques (+9 %). Ces dernières connaissent une augmentation marquante, alors même que la santé mentale a été déclarée grande cause nationale. Pour l'UNSA, ces chiffres reflètent à la fois un malaise professionnel croissant et là encore un déficit de prévention.

Au-delà du drame humain, les accidents du travail et maladies professionnelles ont représenté en 2024 plus de 78 millions de jours d'absence, soit l'équivalent de plus de 334 000 équivalents temps plein. Ces données éclairent l'impact d'un système de prévention insuffisant sur la productivité des entreprises et sur notre économie. Pour l'UNSA, à l'heure où le gouvernement cherche à réaliser des économies tous azimuts, il serait bien inspiré d'agir en profondeur sur les causes de cette situation.

Une stratégie nationale de prévention réaliste s'impose, incluant des moyens de contrôle renforcés, des formations adaptées, une prise en compte du genre dans l'analyse des risques et une attention particulière aux jeunes et aux nouveaux embauchés. Pas plus que les années précédentes, l'UNSA ne se résigne à ce que le travail rende malade ou tue. Les chiffres 2024 sont davantage qu'une alerte : ils sont un signal d'urgence.

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